Le printemps s’affirme. Et avec lui, les orages se devaient forcément de revenir (mais pas fatalement hélas comme le montre l’an dernier).
Tout d’abord, cela faisait depuis plusieurs jours qu’une « dégradation » devait avoir lieu sous l’influence d’une goutte froide au large de l’Europe. Avec le modèle Arôme de Météo-France, la situation se précisait.
Cela doit commencer par le Sud-Ouest, comme toujours. De l’instabilité remonte de l’océan, et arrive sur des terres chauffées. En effet, il faisait chaud cet après-midi là, on relève jusqu’à 35°C en pays basque, et pas moins de 31,2°C en Dordogne, à la station de Daglan. Une journée franchement estivale, précocément chaude.
Rapidement, le front orageux doit remonter en direction du Nord-Est, accompagné d’un front de rafales clairement visible à l’avant des précipitations.
La situation pour Bergerac doit devenir intéressante à 23h environ. Ce qui fixe le départ pour un point de vue proche (proche car confinement car COVID-19, je vais pas vous faire un dessin) plus tôt, sur les 22h pour avoir le temps de voir arriver l’orage.
Et vers minuit, le tout devrait avoir franchi la Dordogne.
Cela n’arrive pas si souvent que ça que le temps-réel s’accorde avec la modélisation. Le plus fréquent, les orages ont une voire deux heures d’avance. Ce ne sera pas tellement le cas ici.
Voici la carte des précipitations à 22h. Comparez avec la modélisation. C’est aussi à peu près à ce moment là que nous décidâmes de partir pour le point de vue d’urgence, situé à quelques pas (véridique) de Prigonrieux.
Le spectacle est au rendez-vous. De nombreuses décharges en nappe se produisent sous une base nuageuse aux contours fibreux.
Je vous laisse regarder les images, elles sont toutes assez semblables, mais toutes assez esthétiques. J’ai pas pu me résoudre à choisir.
Je me dit «il me faut ceci, plus proche !». L’orage ne perds pas en intensité. J’élargis légèrement l’angle de champs, les décharges commençant à prendre trop de place.
J’augmente une nouvelle fois l’angle de champs. L’orage se rapproche. De la foudre se matérialise, au centre de l’image. Notez la base des courants ascendants qui est haute, et un peu diffuse, turbulente. C’est l’uns des signes d’un orage dans la fin de sa vie. Cette base va s’évaporer, tout doucement…
Après un court passage en 18mm, je bascule carrément en ultra-grand angle. Des éclairs commencent à zébrer le zénith. Sur le cliché ci-dessous, on voit bien cette base élevée, parcourue de remous et aussi de virgas (précipitations ne touchant pas le sol). Vers la fin de sa vie, l’orage s’étale, son sommet prends de plus de surface, tandis que la base s’évapore, couche après couche. Les manifestations électriques sont moins fréquentes, par contre, elles sont plus spectaculaires, des décharges en nappes, des éclairs qui rampent, qui couvrent toute la face inférieure de ce qui deviendra un reliquat d’enclume cumuliforme.
Nouvelle et impressionnant décharge rampante, qui illumine au passage un joli nuage laminaire, habituel dans ce genre de configuration.
Puis. Un coup de foudre impressionnant claque dans l’air, ce sera pratiquement le dernier. Une décroissance en chapelet lui suivra (c’est lorsque le canal de foudre s’éteint progressivement en de multiples petites boules rouges qui forment, en pointillés, l’ancien arc électrique). Notez au passage le canal secondaire qui se détache de l’impact de foudre, à à peine 15 ou 20 m du sol.
Le cliché ci-dessus sera le dernier de l’orage. Je rentre dans la voiture, car la pluie commence à tomber.
Voici le radar à cet instant.
Durant l’attente, j’aperçois des illuminations plus lointaines, au même endroit qu’au début de la séance photo. Quelques cellules se sont formées à l’arrière. J’attends la fin de la pluie, et ne parvient qu’à réaliser que ces clichés de cet orage qui, de toutes manière, s’évaporera bien vite.
Sur cette dernière image radar, on voit le premier front orageux, affaibli. Et les cellules qui lui succèdent, qui s’affaiblissent, elles aussi. Mais je suis satisfaite. C’était un bel orage de printemps !
Sol 2711. Curiosity est juché sur un promontoire (si l’on traduit littéralement il s’agit d’un fronton) nommé Greenheugh. Il y découvre de nouvelles roches, d’une nature différente de celles rencontrées plus bas. L’occasion de faire un forage, et donc, dans la foulée, faire un panoramique Mastcam34 complet. J’ai enfin trouvé un moyen de rendre bien moins visible la trame de la matrice de Bayer (qui a du mal à s’effacer totalement du fait de la compression jpeg des données brutes immédiatement disponibles). Voici ce panorama, avec un ciel de synthèse pour bien apprécier les lumières et les contrastes de ce site incroyable.
Sol 2711. Curiosity is atop of a pediment called Greenheugh. She’s discovering new rocks, of a different kind to those met in lower places. The occasion to drill it, and so, take a full Mastcam34 panoramic. I found a way to render the Bayer matrix artifacts due to jpeg compression less visible. Here is this panoramic, with a synthetic sky to appreciate the lights and the shadowing of this amazing place.
Version plus brute ici.
Au Sol 2417 (25 Mai 2019), Curiosity a tourné ses caméras sur le ciel, pour capturer des nuages qui n’avaient jamais vraiment été observés sur Mars. Des nuages noctulescents.
J’avais, à l’époque, réalisé l’assemblage à partir des images jpeg immédiatement disponibles. Voici le résultat :
On Sol 2417 (May 25. 2019), Curiosity pointed her cameras toward the sky in order to catch clouds never really observed on Mars. Noctulescent clouds.
I had back in that time stitched the panorama from the jpeg pictures available then. Here is the result :
Mais bon, bien qu’assez bon, le résultat n’est pas impeccable. Il m’a fallu beaucoup de travail sous Hugin pour que les images fusionnent bien entre elles.
Le temps passe et les images du Planetary Data System furent disponibles. J’ai pu enfin les travailler pour obtenir un résultat plus appréciable, que voici.
But, whereas quite good, the result is not clean. I had to work the frames quite a bit to have a seamless panoramic.
Time’s passing. Pictures from Planeteray Data System are available. I finally had the occasion to work them to give a better result, see bellow.
La différence est sensible, avec des détails plus fins également. Mais je ne pouvais pas m’arrêter là, et j’ai fait une version colorisée, dont les couleurs ont été prélevées sur diverses images, dont un jeu d’images Mastcam réalisées sur d’autres NLC.
We can catch the differences, with finer details. But, I couldn’t stop there, so, I made a colorized version, using various image like a set of Mastcam pictures taken on other NLC.
Une nouvelle année s’achève, une nouvelle année commence. Laissant derrière nous les 10’s et ouvrant les 20’s (même si *ahem* la décennie n’est pas terminée…). Je me suis permise donc avec ce visuel de mettre à l’honneur l’Art Déco, que j’aime tout particulièrement (sic !).
Année qui fut très décevante sur le champs des orages. Si 2018 fut une année incroyable, l’année suivante, fut au contraire -elle- incroyablement pauvre en activité kéraunique. Preuve en est : le dernier article date de … Juin.
Alors certes, il y avait aussi mon travail d’imagerie spatiale. Il a été maintenu, tout au long de l’année, même si cela n’a pas été suffisant pour le publier ici-même. Je me suis tournée vers les images brutes de la sonde Parker Solar, de la NASA, chargée d’étudier le champs de poussières et la couronne solaire à l’intérieur de l’orbite de Mercure. Les images de cette mission sont tout bonnement magiques, à tel point que je m’en suis occupée.
Voici quelques unes de ces images, colorisée, avec la Terre, en son centre. Le Soleil est lui, à gauche, hors cadre (imaginez-le à environ 1200 px en dehors du bord gauche) :
J’ai également plusieurs vidéos en cours de préparation. Voici un exemple ci-dessous, et en avant-première 🙂
J’avais commencé à travailler sur une gigantesque mosaïque martienne, produite par Curiosity, début Décembre. Mais je n’ai pas pu continuer, pour le moment, car mon père est décédé, le 6. Je ne ferai pas de paragraphe spécial à ce sujet, ce blog est dédié à mes productions, pas mes confidences personnelles. Je compte toutefois parvenir à produire cette mosaïque exceptionnelle.
Cette année, bien que compliquée à plusieurs points de vue, m’aura permis toutefois de retrouver un télescope. Un 200/1000 sur EQ5.
Pour finir, quelques images non publiées, d’activité orageuse. Trop peu d’images pour qu’elles figurent dans leur propre article, mais elles se devaient d’être publiées.
Pas de point statistique visites blog et site. Celles-ci sont suffisamment mauvaises pour ne pas en plus les féliciter !
J’espère que nous passerons toustes une belle année 2020.
Damia Bouic
Quand le temps-réel fait un joli croc-en-jambe à la modélisation…
Je m’explique.
Voici ce que le modèle Arôme prévoyait pour le département. De jolies cellules orageuses, jeunes et vigoureuses, allaient se former presque sous nos yeux, promettant un beau spectacle.
D’ailleurs, ce soir là, le radar semble se diriger en partie vers cette modélisation. C’est le moment où je décide de partir, tranquilou, vers mon spot favori, qui ne m’aura vue que deux fois cette année (oui, les orages, vous êtes où là ???), c’est-à-dire : Malfourat.
Du coup, en attendant que les cellules se mettent doucement en place sur la limite 24-47, je me pose et photographie le joli coucher de Soleil, sur le thème, évident, de la convection.
Plus largement. On voit que ça se bouscule pas mal sur l’horizon. Mais je ne m’alarmerais pas plus que ça.
En fait, personne ne s’alarme. Je ne prends même pas comme signe évocateur cette silhouette d’ours, ou de loup, qui se dessine dans les nuages, en contre-jour.
Ni même sur la beauté de ces tours de cumulus congestus.
Je finis quand même pas regarder sur le radar. Et … euh…
QUOI ??
Je resterai un long, très long moment sur mon point de vue, à guetter l’horizon Ouest. A repérer les premiers flashs à mesure que la nuit s’immisce tout autour. Tentant quelques photos, sans succès. Trop clair. Peux pas tenter le 400 iso.
Finalement, de la foudre se manifeste, et je parviens à la photographier. Canal très rouge, car très loin.
Et le radar à l’heure correspondante :
Comme vous pouvez le voir, c’est loin. Une petite cellule tente de se former sur le « nez » du département de la Dordogne pendant ce temps.
Cela sera la séance photo la plus immobile et la plus zoomée que j’aie jamais fait depuis les coups de foudre extranuageux saisis depuis Notre-Dame-de-la-Garde, à Marseille. C’était un autre temps dans ma tête…
Nouvelle foudre. Un peu moins rouge, un peu plus proche. Constatez les nombreuses ramifications.
Pas mal de temps s’écoule. De nombreux clichés sont inintéressants.
J’ai oublié de préciser qu’un vent d’Est à décoiffer Crowley n’arrêtait pas de souffler.
Nouvel impact de foudre, bien plus lumineux. Regardez le début de structuration devenant visible avec l’avancée de l’obscurité.
A la faveur des très nombreux intranuageux, la structure de cet orage, assez particulier je dois dire car celui-ci, ou plutôt devrais-je dire, ceux-ci car il s’agit d’un complexe multicellulaire, s’est formé à l’étage moyen, planant à une hauteur inhabituelle. Raison pour laquelle ses courants ascendants (bases lisses) sont bien visibles, malgré la distance (100 km environ).
Et ici, on devine bien un arcus multicouche, avec des nuages laminaires.
La photo suivante est plus évocatrice.
Ainsi que la suivante encore.
Le radar à ce moment là ressemble à ceci.
Pour ensuite ressembler à ceci.
Deux lignes multicellulaires, donc une temporairement en arc au NE, s’organisent.
Je continue les clichés, en me déplaçant un peu, ouvrant un peu l’angle de champs. Spectacle toujours aussi impressionnant. Les coups de foudre sortent un peu plus de leur tanière.
Notez le nuage laminaire.
Je me déplace pour avoir une meilleure vue sur l’horizon NO, où désormais la majeure partie de l’activité électrique se concentre. Un peu plus de décharges qui se déroulent à l’horizontale (décharges rampantes). Signe que le multicellulaire est en phase d’étalement.
Le cliché ci-dessus sera le dernier véritablement bon de ce système orageux, qui m’aura tenue en haleine durant près de trois heures.
Je tenterai de photographier une jeune et éphémère cellule orageuse, un peu surprenante, passant à l’Est.
Visible ici sur le radar.
Celle-ci aura une courte durée de vie, mais sera très électrique, produisant un vrai spectacle au dessus de Monbazillac et son château.
C’est avec encore quelques décharges intranuageuses loin sur l’horizon Nord que je rentrerai. Sans essuyer la moindre goutte de pluie, par ailleurs.
Des NLC (Nuages Noctulescents, ou NoctuLescents Clouds) sur Mars ? Visiblement, oui. Avec un Soleil situé apparement assez bas sous l’horizon (-6° environ), il est impossible que ces nuages aux teintes électriques puissent être visibles si ils étaient situés dans la basse atmosphère martienne. Donc, ceux-ci doivent être situés à environ 100km d’altitude, leur permettant de refléter les derniers rayons du Soleil. Comme nos nuages noctulescents terrestres.
Je n’aurai jamais imaginé un jour traiter des images de Mars, ici, de la sonde Curiosity, contenant ces nuages, que j’ai chassé à Rotterdam à plusieurs occasions.
Ci-dessous, le panoramique crépusculaire de ces NLC, en version noir et blanc, et avec une tentative de colorisation, avec quelques données colorimétriques que j’avais (couchers de Soleil, crépuscules…).
NLC on Mars ? Apparently, that is the case. With a Sun located quite low behind the horizon (about -6°), it’s impossible that those electric-colored clouds would be visible if there were in the low atmosphere of Mars. So, these ones have to at a pretty high altitude, about 100km, so they can catch the last solar rays. Like our noctulescents clouds.
I would never imagine on day processed pictures, from Mars, Curiosity, contains these clouds, whose I chased at Rotterdam at a few occasions.
Below, the black and whit panoramic, and an attempt at colorization, with a few of color datas that I have (mostly from sunset and twilight pictures).