En cette fin de soirée du 14 Août, qui fut une journée marquée par un pic de chaleur correct pour la saison (34.6°C de tx relevé à Bergerac-Roumanières, moi je dis que c’est correc’). Donc bref, la porte du salon qui donne sur le balcon était grande ouverte, histoire de faire circuler un peu de fraîcheur, tandis qu’Arté diffusait Sa Majesté Des Mouches, film qui souleva chez moi un intérêt inattendu. Sauf que.
Sauf que voilà, j’entendais un bruit de fond ressemblant à du tonnerre. Assez incrédule je me dis que c’est sans doute quelques camion ou autre qui circule. D’autant qu’il n’y avait pas de flashs dans le ciel, donc bon. Sans parler de la modélisation Arôme qui était littéralement à pleurer et ne montrait rien de spécial.
«Allons voir le radar pluie quand même histoire de.» me dis-je intérieurement, avec cet emploi de la 1ère personne du pluriel signifiant que- Rien en fait. On s’en moque, non ? Donc le radar. Et voilà le machin qu’il y a l’écran :
Et merde. Et merdemerdemerde. Qu’est-ce que ça fout là ça ? Je suis même pas préparée pour sortir là. Et c’est très électrique d’après la carte indiquant l’activité foudre.
Alors : remise de la carte SD dans le boitier, contrôle de la batterie : c’est à fond. Je choppe le trépied. Et en route. Bon, pas très loin quand même, sur un palier contre un bâtiment de la résidence, avec un point de vue pas trop moche donnant sur l’Ouest, en gros.
L’activité électrique est très « panoramique ». Ça va un peu dans tous les sens, et nombreuses sont les décharges en nappe. De ce point de vue je ne peux saisir que ce cliché, avant d’être forcée de rentrer et devoir photographier depuis le balcon (ce qui est loin d’être un inconfort).
Oui il y a un grosse goutte de flotte sur la photo. Zut ! Toutefois, observation très intéressante sur ce cliché, qui montre une décharge en nappe de grande ampleur, qui illumine toute la face inférieure de l’orage, qui présente par ailleurs une base élevée et peu consistante. Il ne m’en faut pas plus pour déduire que c’est un orage en fin de vie, et qu’il n’en n’a sans doute plus pour longtemps avant de s’évaporer. Mais tant que le potentiel électrique est là, il continuera à produire de longues décharges ramifiées. Ce qui s’avérera être le cas.
On va bien finir par le garnir cet été 2017 ! Parce que oui, force est d’admettre que -excepté le 18- ce mois de Juillet fut assez décevant en terme d’activité orageuse, même si ça et là il y eu quelques crépitements intéressants, notamment en matinée du 29 Juillet, avec des orages de moyenne couche.
Bref, Juillet devait se terminer par une nuit orageuse, au vu des modélisations qui annonçaient la formation de cellules sur le département, celles-ci devant s’évacuer rapidement en direction du Nord-Est et y devenir plus virulente. C’est donc sans surprise que au moment du coucher de Soleil nous (oui, nous : mon compagnon et moi) assistions à l’éclosion de cellules orageuse de moyenne couche. A ce moment là nous étions sur la rive droite de la Dordogne, parfait endroit pour observer cette évolution.
Et puis sur le radar cela forme des grappes de cellules qui évoluent assez rapidement. A Bergerac il ne tombera que quelques gouttes.
Puis je tente de faire quelques clichés de l’activité électrique, sans vraiment beaucoup d’espoirs car je n’ai ni mon trépied, ni l’obscurité suffisante. Toutefois je parviens à saisir un bout d’arc électrique, sur fond de long rideau de pluie.
Et.
C’est tout.
On rentrera à notre appartement, les orages s’étant évacués vers des contrées plus septentrionales, il ne reste plus qu’à aller se coucher (tardivement pour nous, d’ordinaire à 1h00 du matin).
Alors !
Donc voilà, après deux flops, fallait espérer que la règle «Jamais deux sans trois» puisse être invalidée. Et ce fut chose faite la nuit dernière, avec une belle activité orageuse mettant un terme à plusieurs semaines sans saveurs mais non sans chaleur.
C’est depuis le pays basque espagnol que la délivrance kéraunique proviendra, avant de remonter tranquillement tout le long de l’Aquitaine, franchissant d’abord les Pyrénées, puis Biarritz, le bassin d’Arcachon avant de se perdre en région girondine et périgourdine.
Voici un peu la tronche du machin peu avant que je me mette en selle :
Orage de chaleur assez caractérisé, la base des courants ascendants (non visible ici) est large et par conséquent il ne faut pas se laisser leurrer par le radar pluie qui montre des précipitations lointaines alors que le ciel en Dordogne commençait à se charger.
On a attendu un peu avant d’y aller toutefois.
A ce moment là, je suis sur le Vieux Pont de Bergerac, et j’assiste à un spectacle que je rêvais de voir se produire depuis cet endroit précis : un arcus en début de soirée !
Cet arcus n’est pas menaçant véritablement (il manque pas mal de « dents » ou « crochets » vers le bas, signes de rafales destructrices), mais il a une belle bouille, et une partie de sa structure est détachée de la base des courants ascendants.
Autre vue, un peu plus large sur la structure.
L’arcus passera rapidement au dessus de nos tête, avec de belles bourrasques de vent, soulevant la poussière … et nous arrosant de l’eau du jet placé sur la Dordogne (visible au centre de l’image ci-dessus).
Cela faisait depuis trois jours environ que je scrutais les modèles pour comprendre dans quelles conditions nous allions passer d’une journée à 30°C à une journée à 24°C. En effet, il était prévu qu’entre la journée du Jeudi 8 et du Vendredi 9 nous connaissions dans le Sud-Ouest un bref épisode de chaleur suivi d’une fraîcheur remarquable. Généralement, un tel rafraîchissement ne va pas sans quelques étincelles.
A J-1 le modèle Arôme précise sa vue et montre bel et bien la formation d’un système orageux sur les Pyrénées-Atlantique et sur l’océan, qui remonterai en direction de la région bordelaise, tout en gagnant en puissance. Associé à un coup de galerne (coup de vent brutal que connaît régulièrement le littoral atlantique pouvant être très dévastateur), les rafales allaient se montrer assez importantes.
Voici la modélisation à H-12 :
Et puis, le temps-réel succède à la modélisation. Avec un calage parfait par rapport à ce qui était prévu numériquement (je rappelle que ce sont des modélisation brutes de décoffrage, tout droit sortie des supercalculateurs de Météo-France). Des cellules commencent à s’organiser au large des Landes. Notez les températures relevées sur Météo-Alerte. Il fait chaud. Le maximum a été de pratiquement 35°C ce jour-là.
Les cellules débarquent sur le littoral atlantique puis passent sur le Bassin d’Arcachon, occasionnant des rafales de 93 km/h environ à Biscarosse. On voit que le système s’organise progressivement en ligne. Bergerac sera concernée par la partie extrême-est du système.
L’activité orageuse fut plutôt importante au mois de Mai, mais la grande majorité des orages ont eu lieu de jour, sans structure notable. Et la seule fois où il y avait de l’activité électrique nocturne, mais étant en déplacement à Périgueux (je rentrais d’une permanence d’une association LGBT ce soir-là), je n’ai pas pu faire de photos, à part ce cliché un peu approximatif en faisant une longue pose à travers le pare-brise de la voiture.
Bref, retour aux choses sérieuses.
En ce 2 Juin, nous venons de passer par plusieurs jours de chaleurs assez élevées pour la saison (trois jours à 30°C voire un peu plus). Mais les conditions anticycloniques se sont terminées pour laisser place à un flux de Sud-Ouest instable, qui s’est soldé notamment par une activité orageuse très intense de la Bretagne jusqu’aux côtes du Nord-Pas-de-Calais (orage supercellulaire). Breeef. Revenons au 2 Juin 🙂
Ce soir là, une cellule orageuse, compact, se déplaçant assez lentement, se forme sur le Lot-et-Garonne.
Voilà l’état du ciel tel qu’on l’a trouvé en arrivant à Monbazillac (à la Tour des Vents exactement), pour assister confortablement à l’arrivée d’un orage qui se faisait attendre. Pour ne pas dire THE orage attendu. Car depuis le 30 Juillet dernier, on a rien eu.
Le contexte, rapidement. Températures caniculaires en ce mois de Septembre, prolongeant un mois d’Août tout aussi torride. Mais le temps allait changer avec l’arrivée d’une goutte froide dans un profond thalweg et le creusement d’une dépression sur le golfe de Gascogne. Forte instabilité et dynamique de basse couche élevée. L’air chaud allait être remplacé par de l’air frais venant directement du Nord de l’Atlantique. Il va sans dire que les modélisations étaient spectaculaires avec un clair changement de temps sur tous les paramètres. L’orage associé allait être explosif.
Sur la photo précédente on distingue plusieurs éléments. En haut un voile de nuages d’altitudes correspondant à l’enclume de ligne de cumulo-nimbus qui approche. Au milieu des cumulus castellanus, indicateurs de ciel pré-orageux, et en bas, près de l’horizon, des nuages effilés, empilés : l’arcus, encore tapis dans les brumes. Mais plus pour longtemps. Sur ce panoramique sa forme est plus discernable.
Zoom sur ce qui se cache dans les brumes, le front de rafale associé à l’arcus, caractérisé par des nuages bas. En fait l’abaissement maximal du niveau de condensation à l’interface air chaud – air froid.