Récemment, un nouveau satellite d’observation météo géostationnaire a été mis en ligne pour remplacer le précédent. Il s’agit de Météosat Troisième Génération (MTG), qui succède donc, de façon étonnante et inspirée à Météosat Seconde Génération (MSG).
Après ce trait d’esprit fulgurant de ma part, quelques explications quand même : MSG possédait une résolution d’environ 1km sur la surface de la Terre (rendez-vous compte que le satellite est placé en orbite géostationnaire, soit à environ 36 000 km). Et avec une résolution temporelle de 15 minutes. Ce qui était pas mal à l’époque, où il remplaçait le tout premier Météosat, qui lui possédait une résolution spatiale de 2.5 km pour une résolution temporelle de 30 minutes).
Là, MTG possède une résolution spatiale de 500 mètres ! Et une résolution temporelle de 10 minutes. Ce qui est quand même pas mal, non ?
Tout est disponible via l’interface d’Eumetsat, qui a d’ailleurs considérablement évoluée depuis ces dernières années :
https://view.eumetsat.int/productviewer?v=default
Et je me suis dit allez, et si je refaisais ce que je faisais avec les images de MSG disponibles via l’antique Dundee ? A savoir, prendre une image en niveaux de gris haute résolution (le 500 m/px donc) pour la coloriser avec la plus faible résolution mais couleurs cette fois-ci (mais à 1km/px) ?
C’est chose faite, et je vous présente l’Europe de l’Ouest il y a quelques jours, le 25 Octobre, qui présente un enroulement très esthétique sur l’Atlantique :
Je tenais à vous montrer ceci, qui peut être une très bonne solution de remplacement pour les images MODIS (dont la résolution spatiale peut atteindre 250 m/px, certes), qui présentent souvent un effet de « banding » car les satellites AQUA et TERRA sont défilants.
Le Soleil est en colère.
Un pic d’activité comme on en avait plus vu depuis des décennies.
A sa surface, ça bouillonne, ça maelström, les lignes de champs magnétiques, parcourues de plasma surchauffé, éclatent.
Fracas. Explosions.
Et dans le silence absolu du vide spatial, la couronne elle-même, portée à plusieurs millions de degrés Celsius, est emportée.
En direction de la Terre.
Le lendemain, je décide d’immortaliser un groupe de taches solaire gigantesque.
Nous sommes le Vendredi 10 Mai 2024. A la veille de mon anniversaire, où je célébrerai 39 années passées à la surface de ce monde. J’ai sorti mon télescope 200/1000 équipé de son filtre Astrosolar pleine ouverture pour immortaliser cette image incroyable du Soleil, avec un groupe de tache immense. De mémoire, le dernier aussi gros date de 2003, quand à cette époque là, je faisais des relevés au dessin de l’astre du jour.
Détails de l’image : acquisition sur Canon EOS 70D, au foyer. 20 images alignées, empilées et traitées dans Lynkeos, avec un post-traitement dans Darktable.
Ce groupe de taches solaire est responsable de plusieurs éruptions solaires de classes M et X. C’est à dire de puissantes éruptions, capables de provoquer d’importantes aurores polaires.
Les particules solaires, chargées, ionisées, traversent avec fulgurance le vide interplanétaire. Elles semblent pouvoir voyager à tout allure, tout droit dans les confins du Système Solaire. Mais quelque chose se produit auquel elles ne s’attendaient pas. Un champs magnétique les dévie. Pas n’importe lequel. Le notre. Celui dont l’existence a permis à la vie d’émerger.
Mais elles sont nombreuses, très nombreuses, parcourues de charges électrostatiques pouvant faire plier n’importe quel champs. Elles poussent elles poussent. Elles semblent vouloir toucher la Terre. Finalement, la Terre gagne.
Sur les forums d’Infoclimat, dans le sujet consacré au suivi de l’activité solaire, c’est un bouillonnement. Cette activité solaire n’est pas passée inaperçu dans l’œil des spécialistes. Et il est annoncé un formidable spectacle nocturne. En effet, la bouffée de particules solaire sera telle que des aurores boréales pourraient être visible en France. Partout en France. Je suis tout ceci avec attention, étant moi-même membre active au sein de la communauté de passionné.e.s de météo, dont l’association fêtera ses 20 ans, le 11 Mai également.
Je me dis que cette fois-ci, je vais faire les choses bien. Trouver un très bon point de vue dans les alentours de Saint-Astier. Et j’en trouve un : au sommet du village Léguillac-de-l’Auche, au lieu-dit Les Granges. Et le ciel est au beau fixe, avec des hautes-pressions depuis quelques jours, l’air est sec, sans nuages. Et la Lune est encore jeune, donc elle ne va trop gêner les observations.
Le repas terminé, je me dirige vers ce point de vue inédit pour moi. Le Soleil est déjà couché, le crépuscule est là, mais il s’éteint de minute en minute.
Remarquable point de vue, bien dégagé sur presque tous les horizons.
Les particules solaires survolent les pôles terrestres, suivant les lignes du champs magnétique de la planète. Mais elles vont vite, très vite. Trop vite. Et de nouveau, quelque chose auquel elles ne s’attendent pas. Elles reculent, elles repartent vers la Terre. Elles pourraient presque la toucher.
Le ciel s’assombrit. Mes yeux croient distinguer quelque chose. Serait-ce ?
Les particules solaires heurtent violemment d’autres particules, des atomes. Des électrons sont éjectés de leurs orbites. Ce faisant, des photons sont produits, qui partent déjà à la vitesse considérable de 299 792 kilomètres par seconde.
J’ai du mal à y voir, je prends une photo.
Patience.
Je prends une autre photo.
Les photons sont tellement nombreux que les ténèbres s’illuminent. De partout.
Oui ! C’est bien ça. L’aurore boréale est là. Fantomatique. Presque insaisissable au regard. Je n’en reviens pas.
Une autre photo. Vite !
Je n’en crois pas mes yeux. Enfin ! Une aurore boréale ! La toute première de ma vie. Je me précipite, je ne veux rien manquer.
Je ne le sais pas encore, mais je m’apprête à vivre l’une des nuits les plus inoubliables de mon existence.
Alors ! Cela va faire 5 mois depuis l’épisode neigeux. Que s’est-il passé depuis ?
Pas grand chose.
Si, quand même : Bergerac c’est peut-être terminé. Pourquoi ? Parce que notre propriétaire, refusant de faire les travaux de notre logement classé non-décent par le département, à trouvé un prétexte pour reprendre le bail. Ainsi, nous avons jusqu’au mois d’Août pour trouver un logement, ailleurs.
On va donc dire que le moral c’est pas toujours ça. Mais faut tenir, et garder espoir. Des fois, des petits éclats de lumière viennent éclairer cette piste pas très bien éclairée qu’est le temps présent, comme le 6 Mai dernier, quand des orages se sont manifestés. C’était diurne, donc vous n’aurez pas de photos de foudre, mais vous aurez quand même quelques structures. Ainsi qu’une collection de grêlons.
Photos, explications, tout ça.
Il est 18h, et je me rends sur le balcon. Pour voir ceci :
Une belle cellule orageuse sur le Lot-et-Garonne, bien massive. On entendait de nombreux roulements de tonnerre en provenance de l’orage.
Du coup, je regarde le radar :
En effet, ça a l’air bien costaud. Je me dois de faire une sortie pour voir comment ça va évoluer, d’autant que la nature supercellulaire de l’engin est possible, bien que difficile à renseigner.
Sur le site Béta, voici l’orage.
Effectivement, difficile d’y voir une quelconque supercellule. Il manque plein d’éléments, comme une bande d’afflux, une tour convective enroulée sur elle-même, un nuage mur rotatif. Et ça manque clairement de dynamisme, dans le sens où les nuages avancent plutôt lentement.
Je m’intéresse un peu à ce qui se passe à l’Ouest, avec ce cliché très satisfaisant de rigueur symétrique.
Retour sur la cellule du Lot-et-Garonne qui a présent aborde la Dordogne. Elle devient plus menaçante. Mais…
Je regarde le radar et me dis que c’est bon, on va l’avoir.
Mais plus à l’Ouest, ça bouillonne. Littéralement.
Et cette cellule prends vite de l’ampleur, alors qu’elle était insoupçonnable au départ.
Et de l’ampleur, elle va en prendre, son enclume va vite envahir le ciel jusqu’au zénith, plus loin même.
Et sur le radar, elle ne tardera pas à se montrer. Avec un effet désastreux sur la première cellule.
Deux nouvelles. Une mauvaise et une bonne. La mauvaise nouvelle c’est que la nouvelle cellule va littéralement pomper la source d’alimentation de la première cellule, qui perdra vite son apparent caractère supercellulaire et reprendra une route plus classique vers le Nord-Est et évitera Bergerac. La bonne nouvelle, c’est que cette seconde cellule, bien plus jeune, se montrera bien explosive et virulente.
Ce sera la dernière photo possible, la pluie commençait à tomber. Une petite dizaine de minutes plus tard, c’était le déluge, avec de la grêle, qui finira par tomber. Les gros « bam » sur la voiture m’indiquent que les grêlons sont de bonne taille.
Finalement, tout s’arrête, cette cellule continuera sa route vers le Nord-Est, en ayant dévoré au passage la première cellule observée plus tôt.
Maintenant, collection de grêlons, qui sont vraiment jolis. J’ai pu estimer leur dimension entre 2 et 2.5 cm.
Cette image est intéressante car on peut voir de nombreux grêlons fracturés, dévoilant leur intérieur avec plusieurs couches de croissance. Des couches transparentes correspondant à la fonte de la surface du grêlon puis son gel, et des couches blanches, correspondant à de la formation de glace sur la couche surfondue. A en voir le nombre de couche, je dirais que certains grêlons ont fait 4 aller-retour du sommet à la base du nuage, constamment repris par les courants ascendants et descendants de l’orage. Autre indice, cette fois sur la nature de l’orage : les grêlons sont globalement sphériques, ils ne sont pas groupés en grappes et ne présentent pas d’aspérités, qui sont souvent dans le cas contraire le signe de grêle formée au sein d’une supercellule.
Donc une sympathique sortie orageuse. J’espère que cette saison 2023 sera riche en phénomènes orageux, nocturnes de préférences car photographier la foudre, c’est mon grand plaisir. Mais je ne désespère pas de pouvoir aussi avoir de belles structures, comme des arcus, des nuages-mur, de la … tornade ? Bon, ne rêvons pas trop.
Un article que j’attendais de pouvoir faire depuis longtemps. Très longtemps. Bon allez : trop longtemps.
Comprenez, obtenir de la neige, qui forme une couche au sol à Bergerac est de plus en plus compliqué. Il faut des paramètres assez singuliers : un apport d’air humide suffisant, qui puisse donner des précipitations, l’air océanique doit se tenir à l’écart ou tout du moins repoussé pour que l’air froid venu de l’Est puisse faire en sorte que la pluie soit de la neige. C’est à peu près un tel cocktail favorable à la neige qui a pu se mettre en place hier, le 19 Janvier 2023.
Que s’est-il passé alors, le 19 Janvier, au soir ?
Voici deux cartes, tirées du modèle GFS 0.5°, sur la France, qui montrent la situation telle qu’elle était modélisée alors.
On voit sur la carte ci dessous l’état de l’atmosphère à 500hPa (soit environ la hauteur de la tropopause, à 10 000 km d’altitude). On voit clairement une anomalie de troposphère, signalée par un L, à 1001 hPa. Cela est important car il s’agit d’un minimum dépressionnaire. Il faut savoir qu’une dépression tourne dans le sens cyclonique sous nos latitudes, à savoir dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. On peut donc comprendre qu’en Dordogne, le flux d’air serait orienté par le Sud. Cette dépression va descendre, et le flux d’air alors basculera vers le SE, puis vers l’Est. Et c’est très intéressant car cela va repousser l’air maritime, doux, vers l’Ouest, et occasionner une baisse des températures.
Et ici, la modélisation des précipitations. On peut voir clairement que la limite pluie/neige est située à la frontière Gironde/Dordogne, et que le reste de l’Ouest aquitain sera sous l’influence de l’advection douce atlantique. A ce stade de la modélisation, difficile de savoir encore ce qu’il en sera en temps réel, c’est l’affaire du degrés Celsius près et de synchronisation des précipitations avec l’arrivée d’un air plus froid.
Temps-réel justement. Voici la situation en début de soirée sur l’Hexagone. On le voit bien, les modélisations avaient vu assez juste. La dépression située tout près du littoral aquitain, les précipitations qui s’enroulent autour. J’ai rajouté des flèches indiquant le sens de rotations ainsi que le conflit de masses d’air.
Pour le déroulé de journée à Bergerac, on commencera à avoir de la pluie aux alentours de 16h. Vers 17h, de la neige se mêlera à la pluie, pour n’avoir que de la neige seule en à peine une demi-heure. La tenue sur les surfaces ne pourra quant à elle se faire que vers 18h30 environ, avec un refroidissement plus important. On passera de 4.6°C à 14h, à 0.4°C à 19h.
Maintenant que la situation est bien cernée, place aux photos. Le soir je n’ai pas pu en faire beaucoup, me contentant de mon quartier, que voici ci-dessous. On voit que la couche de neige est homogène, et tient sur toutes les surfaces. Je ne parviens pas vraiment à en croire mes yeux. De la neige, chez moi, à Bergerac ! Mais ce n’est que le début. Le lendemain s’annonce riche en clichés.
Après avoir plus ou moins bien dormi et un petit-déjeuner rapide, je décide de prendre l’initiative et ma voiture afin de me rendre sur les hauteurs, à Monbazillac.
Que dire ? Les images parleront d’elles-même.
Du 16 au 23 Juillet se tenait la quarantième édition des Rencontres Nationales de l’association Infoclimat, association à laquelle votre aimable servitrice (quoi ?) adhère et contribue. Lieu de la rencontre ? Dans le Lot, au Manoir de Foussac. Je me disais que ce serait bête de ne pas venir. Donc c’est pour ma part du 19 au 22 Juillet que j’ai participé à ce séjour dans mon département oriental voisin. Et je commence le récit par
Je prends la route vers les 11h, et j’arrive au gîte vers les 15h environ.
Attendez attendez. J’ai oublié un truc là. Depuis une semaine des incendies sévissent en forêt des Landes. Du jamais vu. Durant toute la durée de ces feux de forêt, les cendres étaient rejetées soit vers l’Atlantique, soit vers le Sud. Jusqu’à la nuit précédent mon départ, où les vents ont basculé vers l’Est, apportant une atmosphère franchement polluée, brumeuse, accompagnée d’odeurs caractéristiques de bois brûlé. Le tout avec une couche de nuages bas, qui se disloquera d’heure en heure. Deux photos.
Le disque solaire, pris « comme ça », sans filtre ni rien. Couleur dorée, et tâches solaires bien visibles. Plus bas, vue large qui montre bien l’ambiance de ce matin là.
C’est important pour la suite et les prochaines images surtout. Reprise du récit : je tablais sur une arrivée vers 14h, mais c’était sans compter un gros ralentissement sur la route, qui me fera perdre du temps et qui mettra la mécanique de ma vieille gimbarde à rude épreuve.
Le reste de l’après-midi, rien de spécial, j’avais piscine. On dit que le soir des orages se présenteraient. C’est donc normal qu’en début de soirée nous décidâmes de nous rendre sur un joli point de vue, qui est un peu le Malfourat du coin, afin de voir si ça tonnerait pas un peu par là.
On attends, on attends, et on attends encore. Tout semble se passer sur la Dordogne, et plus spécifiquement du côté de Bergerac. Je bouillonne un peu intérieurement.
Puis, à l’approche des minuit et demi, de l’activité s’invite au Sud de notre position. Toute l’équipe accourt avec son matériel photo, pour saisir tout ça. Et- bon allez, les photos.
Notez les teintes au couleurs cuivrées particulièrement saturées, ainsi que la couche plus opaque entre la base orageuse et le sol. Ce sont les panaches de fumée provenant des incendies qui en sont la cause. Je n’avais jamais vu ça.
Après, la pluie se mettra à tomber. Retour au gîte. Dodo.
Depuis 2011, la température la plus élevée relevée au mois de Juin c’était le 28 du même mois et de la même année. Peu clair ? Je recommence : le jour le plus chaud du mois de Juin relevé à Bergerac-Roumanières (début des archives : 1990) c’était le 27 Juin 2011 avec 38,2°C. Ce record a été d’abord battu le 17 Juin 2022 avec une tx (température maximale) relevée à 38,4°C. Pour qu’ensuite le lendemain, soit le 18 Juin, ce record soit de nouveau battu, avec 39,5°C.
Qu’on soit bien clairs sur le sujet : c’est historique. Et cela montre une nouvelle fois le pouvoir du réchauffement climatique : des records de chaleur de plus en plus récents (tandis que les records de froid vieillissent).
Après avoir regardé une seconde fois Matrix Resurrection (sérieux ce film est extra), j’ai ouvert les volets pour installer la moustiquaire et me rendre compte qu’en fin de compte, si si, on a de l’orage pour Bergerac. Ni une ni deux, je me prépare et je sors vers mon point de vue minute. Une cellule orageuse frôle Bergerac et les précipitations épargnent l’ouest de la ville. J’ai donc tout le loisir de photographier son activité électrique.
Galerie d’images :
Le département de la Dordogne étant placé en vigilance orange, non plus pour canicule mais pour de l’orage, j’ai du suivre la situation attentivement. Mais sans doute pas assez. Point radar pour bien comprendre le tour de passe-passe des orages pour me faire presque louper un truc dantesque.
Explications via le radar pluie. Première étape : le découragement par la diversion.