Titanic 2012 – La Nuit

C’est depuis le Carpathia que je rédige cet article. Avec du retard car il m’a fallu un certain temps pour m’en remettre, tant psychologiquement que physiquement. Et un certain retard aussi car trouver un endroit tranquille à bord de ce paquebot, moins grand que le Titanic, n’est guère chose aisée. C’est donc depuis le fin fond du navire que je vous écrit.

Il est à présent 23h30. Je suis sur la Promenade Solaire. Il fait désormais nuit noire tout autour du Titanic. Nuit sans Lune, nuit sans un souffle d’air, nuit froide. La température de l’air doit être déjà négative, celle de l’eau sans doute légèrement en dessous de 0°C. Appréhensions. Mon regard se perd vers le Large, quelque part droit en avant du paquebot. 23h38. Il devrait être là, quelque part. Bien que mes yeux soient habitués à discerner le moindre détail dans l’obscurité (astronome amateur dois-je rappeler), je ne vois rien. Mais je ne tarde pas à distinguer quelque chose. La forme inquiétante d’une calamité sans nom. C’est bien lui. A peine plus clair sur le fond d’ébène de la mer. Aucune frange d’écume ne signale sa base. A peine quelques dizaines de secondes plus tard, j’entends sourdre au loin trois coups de cloche. Les veilleurs du nid-de-pie viennent d’apercevoir à leur tour l’obstacle : un iceberg, droit devant, à 500 mètres. Je cours en direction de l’avant, juste avant les grilles de la passerelle, côté tribord. L’iceberg arrive vite, très vite, trop vite. Mon cœur palpite. Doucement, je vois la proue s’écarter du danger. Mais tout cela se fait avec trop de lenteur. 200 mètres, 100 mètres, 50 mètres. Sa forme devient de plus en plus imposante. Je sors à tout vitesse mon carnet pour en exécuter le croquis. A peine ai-je le temps d’en esquisser les contours que celui-ci arrive au niveau de la proue. Trop tard, l’impact est imminent. Je me penche. Des pans de glace rayent la coque sans toutefois l’endommager. La lumière des hublots se reflète sur la surface du bloc de glace. Je pose mes oreilles contre le bastingage. J’entends clairement le bruit sinistre du métal déchiré, et autant de bruits sourds, dus à l’explosion des rivets sans doute. Il arrive à ma hauteur. Je le vois défiler, il dépasse d’une dizaine de mètres me semble-t-il le pont promenade. Je ne sens plus une seule vibration dans la coque. Désormais, nous nous écartons de l’iceberg qui déjà, s’évade dans l’obscurité. Cet instant n’aura duré que 2 minutes. 2 petites minutes. 2 minutes qui vont faire basculer le sort de ce navire réputé insubmersible, tellement insubmersible que même la main de Dieu ne pourrait le couler. Il ne fallait pas le défier…

23h50. Je suis à côté de la passerelle de navigation. Tout le monde est agité, affairé, préoccupé. Il règne une certaine incompréhension parmi les membre d’équipage. Je les entends même se disputer sur la bonne marche à suivre. Je descend sur le pont avant, observer les blocs de glace qui y sont tombés, et surtout, aller voir la réaction du navire. Je vois déjà des hublots immergés. Le naufrage a bel et bien commencé. Le moment pour moi de me retirer dans ma suite, et tenter d’envoyer quelques nouvelles sur Google+ et Twitter, réservant le blog pour un récit plus construit. Une fois dans ma suite, j’attrape un stylo, que je pose sur la table du salon. Celui-ci roule vers babord (soit sur la gauche quand on regarde vers l’avant). Ce que l’on appelle une gîte.

Minuit. Nous voici au beau milieu de la nuit, le bateau à l’arrêt. La très légère sensation que l’on commence à pencher vers l’avant, légèrement sur babord. Cela va être parti pour 2 heures et 17 minutes d’agonie. Je fais des allers-retours réguliers entre l’extérieur et l’intérieur. Je ne constate aucune panique, un calme très étrange chez les passagers. Ceux-ci peinent à croire à un naufrage. Certains sont peu vêtus, s’étant contentés d’enfiler des vêtements de nuit et des pantoufles. Sur le pont toutefois, j’entends un bruits presque assourdissant, provenant des cheminées. Du peu que je vois, c’est de la vapeur qui est expulsée violemment. Ce vacarme contribue encore un peu plus à l’ambiance surréaliste qui règne ici. Ce navire va couler, c’est inexorable, mais -excepté les membres d’équipage- les gens sont sereins. Pour ma part, je n’arrive pas à tenir en place. Je fais un tour au fumoir prendre un petit remontant. Et je reviens dans ma suite. Je m’apprête à sortir mon ordinateur quand on frappe à la porte. J’ouvre, c’est un steward qui me tends un gilet de sauvetage, et qui me demande poliment de venir sur le pont car le navire connaît une avarie, et que par mesure de sécurité, il faudrait que j’embarque sur un canot de sauvetage. «Merci bien, je suis au courant de ce qu’il se passe, ne vous en faites pas pour moi, je saurais quitter les lieux au moment propice.» C’est un peu intrigué qu’il me dit au revoir et s’en va. Je referme. J’occupe la suite 8.70. Cela je ne l’avais pas encore précisé. Ceci est important à savoir car celle-ci est situé vers le milieu du paquebot, côté bâbord. Je devrais donc avoir une certaine marge avant de définitivement lui dire Adieu.
Minuit trente. Ne tenant une nouvelle fois plus en place, je fais une nouvelle sortie. Détour via le fumoir histoire de prendre une nouvelle gorgée de Bourbon. Sur le pont, les choses se sont « joyeusement » organisées. L’ordre d’évacuation a été lancé, avec les femmes et les enfants d’abord. Tout cela est très lent. Il n’y a guère de bousculade. Les gens ont l’impression de faire une sortie juste comme ça. Certains prennent ça même à l’amusement. Toujours sous le coup de l’incrédulité face à la vérité simple : le Titanic coule. Afin de mieux m’en rendre compte, je vais sur le pont avant, pas encore inondé, mais approchant du niveau de l’eau. Il ne reste à peine qu’une rangée de hublots affleurant à la surface. Les autres sont immergées, illuminant l’eau transparente. Je suis surpris par un bruit sourd venant de derrière moi, ainsi qu’une vive lueur. La toute première fusée de détresse vient d’être envoyée. Je me rend compte à la même occasion que les premiers canots de sauvetage ont été affalés.

1 heure et quart du matin. Une énième sortie me montre que le pont avant est désormais sous les eaux. L’inclinaison est très sensible désormais. Les choses s’agitent enfin, les passagers se pressent un peu plus pour l’évacuation. Il était temps. Peut-être que la vision du basculement de l’avant dans les Ténèbres a du changer la donne. Je reviens de nouveau dans ma suite, afin d’envoyer un message sur Twitter (bizarrement de l’autre côté, au XXIème siècle, aucun intérêt n’y est porté). Je diffuse Dies Irea du Requiem de Berlioz dans ma suite. Une musique de circonstance. Et puis la musique s’achève. Le silence revient. La plupart des suites doivent être évacuées à l’heure qu’il est. J’ouvre la fenêtre et me penche (se pencher sur un navire qui penche, pourquoi pas hein ?). Il est aisé désormais de se rendre compte du naufrage inévitable du Titanic. Les lignes lumineuses formées par les hublots plongeant successivement dans l’eau.

1h et demi. Dans trois quart d’heure, tout sera fini. Je décide de quitter définitivement ma loge. Je me prépare. Tout d’abord je poste un dernier message sur mes comptes Twitter et Google+ avant d’éteindre mon ordinateur. Je prends la dernière batterie restante de chargée, je l’enroule dans un tissu, et je la met avec mon macbook dans une poche étanche, utilisée lors des plongées. Je glisse tout ceci dans un sac à dos fin, qui n’embarque que le strict minimum, avec des chaufferettes, mon carnet de dessins, une lampe torche étanche et une bouteille de respiration sous-marine de secours. J’enfile ma combinaison de plongée, et me rhabille au dessus avec ma tenue de soirée. Je prends une flasque de Bourbon dans une de mes poches, et me voici fin prêt à me battre pour ma survie. Je fais une tournée d’inspection pour vérifier si je n’ai rien oublié, et voir si je ne laisse pas de traces de présence d’une technologie avancée, mais je me ressaisi en me disant que tout cela coulera par 4000 mètres de fond. J’éteins la lumière de la suite, et lui dit Adieu. Je referme derrière moi. Direction le pont supérieur.
Il y règne désormais une véritable panique. Sous les gerbes d’étoiles d’une fusée de détresse, je constate l’enfoncement de toute la partie avant du navire. L’eau parvient au pont C, et il est bientôt 2h. Je me joins à la foule afin de trouver une place dans les canots restants. Il ne reste que des canots pliables. Les autres ont été mis à l’eau, ou descendent actuellement la longue paroi d’acier du bateau. Foire d’empoigne, les officiers ont du mal à faire régner l’ordre. Le calme d’il y a une heure a totalement disparu, c’est devenu quasiment l’anarchie. La descente des canots de sauvetage situés sur le toit de la passerelle s’effectue non sans mal. Je tourne ma tête vers l’avant. L’eau arrive de plus en plus vite et part à l’assaut du pont B. Tout s’accélère. L’évacuation perd en efficacité, c’est la cohue, et je sens que je ne parviendrai pas à trouver une place. J’essaie tribord, bâbord, tribord de nouveau. Rien n’y fait, toujours autant de monde. Des gens commencent à sauter par dessus bord. Je dois trouver une autre solution. Je reviens dans le navire, à la recherche de ce qui pourrait flotter. Une table ? Un fauteuil ? Des chaises ? Une armoire ? Tout ce mobilier est trop bien conçu, en bois massif, lourd. Comment improviser un genre de radeau ? L’heure tourne, et il ne va pas falloir traîner. L’éclairage vacille. L’inclinaison devient importante, des objets tombent, se brisent, glissent. Je suis quelque part dans le Restaurant à la Carte, ce fameux restaurant, si bon. Désormais, il est dans la pénombre, ses tables se mettant en branle. Je attrape une, et la retourne. Je m’aperçois que le dessous est constitué selon un disque de bois assez large, et épais, renforcé par un coffrage qui forme un volume creux. Je casse les quatre pieds de cette table. J’embarque avec moi une casserole qui me servira de rame (et sans doute d’écuelle). Cette table pèse un peu lourd mais je parviens à la transporter en la glissant sur sa tranche. Je transpire, je suis presque en nage. Je regarde ma montre. 2h10. Pas le temps de réfléchir. Je vais au Café Parisien, et me rend sur la promenade attenante. Je brise une des baies vitrées, et me rend compte que la surface de l’eau est 10 mètres en contrebas. Je ne peux pas envoyer mon radeau comme ça. Vue sa masse, il coulera à pic. Il faut que je pense vite ! Je me retourne. Les chaises du Café Parisien sont toutes en osier. Résistant, léger, il fera l’affaire. Je jette des chaises en osier par la fenêtre. J’en envoie une bonne dizaine. Et vient mon tour de me jeter. Je prends une gorgée de Bourbon et mon courage à deux mains, et saute dans le vide. Dix mètres de chute. J’ai au préalable pris ma petite bouteille de respiration. Le contact avec l’eau glacée est brutal. Très brutal. J’ai la sensation d’être transformé en bloc de glace vivant. C’est très douloureux. Je failli perdre ma bouteille. Les chaises sont toutes en bas, flottant parfaitement. Je grimpe sur une. Cela m’offre une embarcation de fortune. La combinaison de plongée ralentit la sensation de froid. Je regarde ma montre. 2h15. Vite !! Il faut que je m’éloigne du Titanic le plus vite possible. Je nage donc, la flottaison étant assurée par le gilet de sauvetage et la chaise en osier. Je prends de la distance. Au loin, brillent les lumières de ceux qui sont à bord des canots. C’est mon objectif. Je nage encore et encore. Et puis je m’immobilise, et me retourne. La vision qui me frappe à ce moment là est incroyable. C’est une masse sombre, sorte d’immense menhir de métal, encore tout éclairé, qui s’élève, à vue d’œil. Et soudain, l’éclairage vacille, et finit par s’éteindre tout à fait. Plus une seule lumière. L’obscurité totale, l’obscurité absolue. Le ciel constellé de milliers et de milliers d’étoiles, la ligne d’horizon à peine plus claire que le ciel, et le profil monstrueux, inquiétant, du paquebot le plus luxueux de ce début de siècle. Je dois être à environ 200 mètres de lui. Mais dur d’estimer la distance que j’ai parcouru en toute hâte. Je sens une vibration dans l’eau. Je met ma tête sous l’eau pour mieux entendre la source de ce son. C’est un déchirement de métal. Une explosion. Bruits sourds, bruits plus prolongés. Difficile à décrire. Le Titanic se brise. Cette obscurité ne permet pas de voir quelque chose de net. Tout au plus je parviens à discerner que la ligne droite du navire n’est plus, et qu’une petite partie vers l’avant semble avoir disparue. Les cheminées tombent presque toutes en même temps, sauf la première qui était déjà à l’eau. Un énorme grondement, un fracas. J’assiste alors à un spectacle insensé : l’arrière du navire se dresse. Doucement. Et j’ai l’impression de voir un bref instant un genre de lame sombre remonter un peu en retrait de la scène. L’avant du paquebot, qui un temps s’est mis à remonter ? Je l’ignore. La poupe est quant à elle est dressée verticalement. Un temps elle ne bouge plus. On pourrait imaginer qu’elle puisse rester ainsi, jusqu’à l’arrivée des secours. Espoir vain. Je la vois, dans l’obscurité, descendre dans l’océan. Et elle s’enfonce, en un clin d’œil, mais dans ce noir quasi total, sous ce ciel piqueté d’une quantité invraisemblable d’étoile, cette Voie Lactée presque photographique, il me semble voir des nuages de vapeur, de fumée émaner du site d’immersion. Le Titanic n’est plus. Emportant dans son sillage des secrets qui ne seront sans doute jamais percés, emportant avec lui ses salons luxueux, sa cabines raffinées, sa machinerie démesurée.

Je resterai un moment, sans ne pouvoir rien faire. Abasourdi par ce qu’il vient de se produire. Et puis, je recouvre mes esprits. Le froid commence à m’engourdir sérieusement, il faut bouger. Je regarde tout autour de moi. Les lumières des lampes torches des officiers à bord des canots de sauvetage luisent. J’ignore à quelle distance elles sont, mais je sais une chose : s’il faut survivre, il faut me diriger vers elle. Commence alors la série d’effort la plus importante que je n’ai jamais fournie de ma vie. Malgré le froid qui commence à me paralyser je bat des jambes pour avancer. C’est éprouvant, douloureux. Plusieurs gorgées de Bourbon sont avalées afin de moins sentir le froid, et éloigner l’engelure. Les lumières m’ont l’air toujours aussi loin. J’ignore désormais l’heure qu’il est. J’ignore tout. A mes oreilles me parviennent les cris d’angoisse de ce millier de gens jetés à l’eau glaciale. Je tente d’en faire abstraction, mais cela me marque, définitivement. Mais il faut que je survive. Pas le choix. Une lampe torche m’apparaît plus lumineuse qu’une autre. Je peux presque sentir sa lumière sur moi. Une bonne gorgée de Bourbon achève le contenu de cette flasque. Je nage le plus fortement possible, je nage vigoureusement, je nage à en mourir. Je fais un énième pause. Je suis à bout de souffle. Ce froid, ce froid rentre partout. Il me glace le sang. Et malgré mon état éthylique, il est là. Je parviens à prendre mon sac à dos et à attraper les chaufferettes. Je les met dans une des poches de mon smoking et remet mon sac sur mon dos. Je les craque. Douce sensation de retrouver de la chaleur. Je décide de rester un temps immobile, que celles-ci me réchauffent le corps, en me les frottant un peu partout. J’en place une sur ma poitrine, afin que le sang puisse être chaud à cet endroit. La lumière est toujours là. Je nage, de plus belle. Cela fait sans doute une demi-heure que le Titanic a coulé. Enfin, je parviens à distinguer la silhouette du canot de sauvetage, et l’uns des officiers debout, avec sa lampe torche, balayant tout autour de lui. J’hurle. Le plus fort possible. Aucune réaction. J’hurle une seconde fois. Cette fois-ci, le faisceau est pointé en ma direction. J’entends au loin un bruit très étouffé. Celui de rames qui bâtent l’eau. Se dirige-t-il vers moi ? Je continue de nager, en hurlant de temps en temps, signalant ma position. La canot est désormais franchement face à moi, à une dizaine de mètres. Je n’arrive plus à nager, toute force m’ayant quitté. Mais la chaloupe avance, je peux bien voir sa forme, sa couleur, et ses passagers à bord. Et puis celle-ci arrive à ma hauteur. Des bras m’attrapent, et tentent de me hisser à bord. J’essaie d’aider à mon passage dans le canot. Mes jambes poussent une ultime fois sur la chaise en osier (dont la flottaison n’aura pas diminué d’un pouce). Et me voici à bord du canot de sauvetage. Épuisé comme jamais je ne l’ai été. Quelqu’un me recouvre d’une couverture. Je me recroqueville dans un coin. Je m’entends dire «Merci, merci pour tout. C’était inespéré…», avant de me murer dans le silence. Un reflet de la lampe torche sur ma montre m’indique qu’il est … 3h00. J’ai passé trois quart d’heure, à moitié immergé dans une eau à -3°C. Ma combinaison m’aura été un élément vital, ainsi que les chaufferettes (ainsi que ce délicieux Bourbon). A bord du canot, c’est le silence le plus total. Tout le monde est visiblement sous le choc. Une heure passe. Je souffre toujours autant du froid. Mes vêtements étant tous humides, ils commence à littéralement givrer. Et puis j’entends une clameur. Des gens aperçoivent au loin les lumières d’un navire. Le Carpathia ! Il arrive, enfin ! Mais il va nous falloir prendre notre mal en patience.

L’aube se lève. La fin d’une nuit. Une nuit cauchemardesque. La nuit qui fut le témoin de la plus dramatique catastrophe maritime jamais connue. La silhouette du Carpathia s’est approchée. Je reconnais sa forme, avec une seule cheminée au milieu, une allure moins impressionnante que le Titanic. Je regarde tout autour de moi. J’aperçois les autres canots de sauvetage, dont quelques uns retournés. Un peu plus loin, je reconnais une silhouette. Lui. L’iceberg qui causa notre perte. Sa forme est caractéristique. Deux pics dont un plus bas et plus doux que l’autre. Je m’endors un instant, vaincu par la fatigue.

Un des occupants du canot me réveille. Derrière lui, la masse sombre d’un mur. Une paroi. Celle du Carpathia. Des cordes sont envoyées. Nous sommes sauvés ! Les cordes attachées, nous sommes hissés à bord. Nous arrivons au niveau du Pont Promenade, qui aurait tout à envier à celui du défunt transatlantique. Nous sommes débarqués. Il est un peu plus de 7h30. On nous regroupe dans une des salles à manger, et on nous sert de la soupe bien chaude, des remontants, des vêtements secs, etc. On me propose de me débarrasser de mon sac, mais je refuse. Je prends les vêtements sec, et tant bien que mal, m’isole dans un recoin à l’abri des regard pour me changer. Je quitte la combinaison, avec difficulté, mes muscles étant à bout de force. Je la dissimule dans mes affaires encore humides. Je suis au sec désormais. Je reprends du potage, du café, du chocolat chaud. Tout ce qu’il faut pour que les derniers fragments de froid quittent mon organisme. Il est 10h, nous sommes le 15 Avril 1912, et j’ai survécu au naufrage du Titanic.

Un commentaire Ajoutez le votre

  1. kittyCats dit :

    Très beau récit 🙂

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