Me voilà enfin à bord !
Il faut dire que cela n’a pas été de la tarte. J’ai passé une partie de la journée à Cherbourg à faire des achats supplémentaires, essentiellement vestimentaires, pour la traversée. Il me fallait être bien habillé. Ah le charme d’antan… Même une petite ville comme Cherbourg est sympathique en ce début de ⅩⅩème siècle. L’électricité est quelque chose de nouveau pour l’époque. Il y a encore peu de lampadaires, ce qui m’a permis de profiter d’une nuit bien noire, même en centre ville. J’ai fait un peu de lèche-vitrine dans les rues du bourg, c’était vraiment dépaysant. Dommage qu’il ait fait gris toute la journée par contre, cela aurait été mieux avec du Soleil. Et puis bon, la montre -mécanique hein- m’indiquait que l’heure du départ approchait. Direction l’hôtel, pour descendre mes bagages (cela en a surpris plus d’un de voir quelqu’un d’aussi richement vêtu s’occuper de ses bagages tout seul).
18h. Au large se profile une silhouette. La silhouette familière d’un paquebot mythique, qui entrera dans la légende. Le Titanic ! Il descend tout droit de Southampton d’où il est parti en fin de matinée. Il approche du port, exhibant son profil entaillé, ses quatre cheminées dont trois éructent une fumée noire. Il n’ira pas plus loin car il est trop gros pour entrer dans le port. Il restera légèrement au large, deux navettes se chargeant du transfert des passagers à bord. Je prendrais le Nomadic, sur les coups de 19h35. Je profite du répit apporté par le temps à attendre pour prendre un café dans un établissement, devant l’embarcadère. Je dois le prendre à l’intérieur, car un léger vent de NO me refroidit quelque peu, et il ne faut pas compter sur le ciel gris pour nous réchauffer.
19h35. Me voici à bord du Nomadic. Désormais mes bagages sont dans les mains des bagagistes. Je vais sur le pont afin de profiter de l’arrivée sur le transatlantique. Diable ! Celui-ci est vraiment énorme. Je frissonne en le voyant en vrai. Ce navire m’a tellement fasciné, que de le voir comme ça, sans le filtre de l’image, je contiens mal mes émotions. Rapidement, nous sommes tout contre la paroi d’un noir étincelant de sa coque. Celle-ci est élevée. Nous sommes à hauteur d’une porte qui s’ouvre dans celle-ci. Une passerelle est déployée. Une à une, les personnes embarquent. Je trépigne presque d’impatience. Mon coeur bat la chamade. Vient mon tour. Un agent de la White Star Line me sert chaleureusement la main en me souhaitant la bienvenue à bord, avec un large sourire. Je tourne ma tête pour jeter une dernier regard sur le Nomadic, avec un drôle de sentiment. Celui d’embarquer pour le voyage le plus étrange de ma vie. Je suis parmi les derniers à embarquer. Derrière moi six personnes, et j’entends le bruit métallique de la porte se refermant. J’y suis. Je traverse les couloirs, guidé par un agent qui est à mes petits soins pour que je ne me perde pas dans le dédale de couloirs. Mes yeux enregistrent la vision de chaque objets de décoration, de chaque ornement. Quelle merveille ! Vraiment, ce paquebot a été conçu dans les moindres détails (ou presque j’ai envie de dire…). Me voici devant ma cabine, que l’on m’ouvre. Je suis bluffé. J’avais demandé la moins chère, mais celle-ci est du niveau d’un 4 Etoiles. Je vous ferai la description plus tard.
20h. Mes affaires ayant été convoyées dans ma cabine, je décide de rejoindre le pont, sur la Promenade du Soleil (le « Sun Deck »). Il fait déjà nuit. Je vois les lumières de Cherbourg. Le Pont est assez calme. Personne à saluer pour le départ. Mais j’y suis. J’y suis. Je martèle ces mots dans ma tête, comme pour me convaincre de l’invraisemblance de cette situation. L’air frais de ce début de soirée m’arrache à mes rêveries. Je rejoins la chaleur du luxueux restaurant situé au pont D. Celui-là même qui est situé à proximité du magnifique escalier surmonté d’un dôme de verre, dans un style typiquement Victorien. Je décide volontairement pour le moment de ne pas trop me mêler avec le reste des passagers. Je prends une table seul, dans un recoin du restaurant.
Je passe le reste de la soirée dans un lieu particulièrement apprécié et appréciable : le salon fumoir, situé à l’arrière du navire. On y fume bien évidemment, mais on peut y boire quelques excellents alcools, dont un whisky d’un goût rare. J’ai bien évidemment oublié le nom. Je compte y revenir demain soir. Evidemment aussi. C’est donc passablement éméché que je retrouve, tant bien que mal, ma cabine.
Voici pour la fin de cette grosse journée. Demain je compte découvrir un peu plus ce paquebot merveilleux qu’est le Titanic, à la lumière du jour cette fois-ci. On devrait approcher de hautes pressions, ce qui permettra de retrouver un franc Soleil. De plus, ce sera le dernier arrêt du navire, à Queenstown, en Irlande.
A demain !
PS : j’ai bien un dessin à vous proposer, mais je ne suis pas en état, et j’ai du mal à être satisfait par la prise de vue effectuée par la webcam du mac (oui, j’ai embarqué mon macbook pro à bord du Titanic !). De toutes façons, je compte proposer des photos de mes croquis lors de mon retour en 2012.
Edith : voici enfin une version satisfaisante du dessin. J’ai réussi à hacker la webcam du mac (la iSight) pour qu’elle délivre une meilleure résolution. Donc voici le croquis effectué hier depuis Cherbourg lors de l’arrivée du paquebot.
Très beau dessin 🙂