Voici donc une partie de chasse qui me restera longtemps en mémoire ! Avec au bout du compte la réalisation de clichés que je voulais obtenir depuis quelques temps déjà, mais que je ne pouvais pas faire notamment en raison de difficultés à me déplacer sur un point de vue qui envoie correct question visibilité.
L’intégralité de la journée du 9 Juin fut calme, ensoleillée et aussi chaude. La journée la plus chaude depuis le début de l’année. Il fait jusqu’à 29.4°C à Bergerac. Mais la barre des 30°C fut dépassée par la station de Daglan (toute récente), en Périgord Noir, avec 31.7°C, ainsi qu’à Castels, avec 30.2°C. Une journée typiquement estivale. D’après les modélisations Arôme, nous devions nous attendre à l’éclosion de cellules orageuses aux environs de 18 à 19h. Il n’en fut rien. R.A.S sur le radar. J’attendrai donc durant la soirée du Samedi, l’œil sur le radar à voir comment allait se mettre en place les choses.
Puis, vers le Sud, sur le département du Gers, tout bascule. Des cellules d’abord pluvieuse se sont détachées des Pyrénées pour aller en plaine et prendre un fort caractère orageux. Il y a trois cellules distinctes, mais celles-ci ne tarderont pas à fusionner et à former un complexe convectif de mésoéchelle.
Très vite, ceci remonte plein Nord. A 23h30, je donne le signal à mon compagnon : nous prenons la voiture, direction Malfourat. A ce moment là, les orages sont encore sur le Sud du Lot-et-Garonne, nous donnant largement le temps de nous installer. La situation au moment de notre arrivée sur le site. Il pleut déjà sur Bergerac, très faiblement certes. Ce sont des orages de formation arrière. On distingue clairement la fusion de l’ensemble en un ligne orageuse, dont la partie Est est la plus virulente. Cet ensemble traversera l’intégralité du département de la Dordogne.
Après quelques tentatives de clichés depuis l’abri du coffre de ma voiture, car l’activité électrique de l’Est jusqu’au Sud était incessante, je décide qu’on aille sur la terrasse du restaurant situé juste à côté, pour nous laisser rattraper par le noyau dur de l’orage, et photographier ce qui pourra se produire devant nous, dans la vallée de la Dordogne. Cela fut loin d’être vain !
La foudre commence à tomber. Comme ici, mais noyée en partie par le rideau de pluie d’une nouvelle cellule qui se forme à l’avant.
J’enchaîne les poses, ne voulant pas quitter ce cadrage, peu importe si je manque quelques impacts de foudre proche, frappant notamment à l’Est de ma position.
Et puis.
Ceci. Un magnifique coup de foudre, pile sur la ville de Bergerac. Enfin !
Je hurle de joie, j’ai enfin réalisé ce cliché. Le canal de foudre bien visible, pas surexposé, dont le point d’impact est clairement visible. Il se situe sur la partie Sud de la ville, sans doute dans le quartier du Tounet (frappé par des inondations il ya plusieurs déjà suite à des précipiations stationnaires ayant duré toute la nuit du 5 au 6 Juin).
Je ne perds pas de vue la suite, car le spectacle ne fait que commencer. D’autres coups de foudre frappent, proche, accompagnés de puissants coups de tonnerre qui ébranlent tout le paysage, sur fond de pluie devenant de plus en plus forte.
Ce coup de foudre semble frapper un élément de fort hauteur verticale. Sans doute une antenne, ou peut être la cheminée d’usine de la Poudrerie.
Je continue les poses. Coup de foudre fortement filtré par le rideau de pluie.
Un impact triple, au Sud-Est de Bergerac, en avant de Creysse ou de Mouleydier. Peut-être le secteur de Roumanières.
Un coup de foudre double, dont le plus lumineux élément est malheureusement hors-cadre.
C’est le pied intégral. La foudre tombe encore près de notre position, dont un, sans doute à 100m, voire un peu moins.
La situation au radar à peu près à ce moment là. La ligne orageuse se densifie, et déstabilise toute la région, jusqu’en Charente-Maritime !
Et je continue les clichés. Encore de la foudre, entre Bergerac et Mouleydier.
Notez que les canaux électriques sont dépourvus de ramifications, propre à de la foudre de nature positive (ce sont des impacts de foudre d’une puissance électrique plus forte que les négatifs).
Un coup de foudre lointain, sous une cellule plus jeune au Nord.
Puis, le système orageux dans notre secteur semble montrer un affaiblissement. De moins en moins de foudre, et de plus d’intranuageux. Malgré tout, des éclairs montreront le bout de leur nez.
Les éclairs seront rampants, c’est à dire longs, et avec de multiples temps de déclenchements.
Je terminerai sur deux coups de foudre, qui parviendront à se déclencher. Celui-ci accompagné d’une longue décharge rampante, dont l’impact près du sol aura un forme vraiment peu courante.
Et celui-ci, extrêmement lumineux. Probablement un superbolt, l’uns des signes, avec les décharges rampantes, du vieillissement de la cellule orageuse.
Une soirée incroyable, avec près de trois heures de spectacle kéraunique.
A l’heure où j’écris ces mots, de nouveaux orages sont modélisés par Arôme pour la soirée.